Les formes du relief
Jérémie Gindre
01 dicembre 2008
«Quand il arrive enfin à la cascade, Douglas est complètement ahuri. Le
manque de souffle s’ajoute au vertige inversé que lui inflige une
falaise de plusieurs dizaines de mètres d’aplomb. Tout là-haut, une
couronne de sapins rachitiques cerne le jet blanc de la chute d’eau, qui
se disperse en larges rideaux de volutes plongeantes. On dirait que le
poids de l’eau varie en différents points de sa chute, ce qui n’est pas
possible. La falaise porte les marques du passage relativement récent
d’un glacier, dont l’énorme masse a râpé les flancs. Dans les Montagnes
Rocheuses, on trouve une vallée géologiquement similaire nommée Yoho,
l’équivalent indien de «waouh». Les affluents de sa rivière se
rassemblent au fil des combes pour finir par se précipiter du haut d’une
falaise semblable et former la chute Takakkaw, qui signifie «c’est
merveilleux». Manifestement, Douglas éprouve un ravissement universel.
Son corps n’a plus la même pesanteur, sa vision focalise sur plusieurs
centres à la fois, sa respiration se cale sur l’afflux déferlant. Au
bout d’un moment, il s’assied quand même pour manger une pomme tirée du
sac.»ESAURITO